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Si vous n’avez pas le bonheur de posséder un «Rêveries Tarbaises » de Tristan Derème et habitez dans les Hautes-Pyrénées vous pouvez le lire aux Archives Départementales de Tarbes ou mieux le trouver à la Bibliothèque municipale de Bagnères de Bigorre. En effet celle-ci a la chance de posséder le fonds Privat : une extraordinaire et insoupçonnable mine d’ouvrages sur le pyrénéisme, et à l’occasion, sur les poètes locaux.
Vous y trouverez donc le numéro 128 des 250 exemplaires parus, avec envoi :
À monsieur Edouard Privat
le modeste éditeur tarbais de Russel avec son hommage admiratif et cordialement dévoué au grand et génial éditeur des Pyrénées et de la Ville Rose
Tarbes, 1/7/31 Paul Mieille.

Couverture des rêvereies tarbaisesPaul Mieille ? « Les Rêveries Tarbaises » ( Edouard Champion, Paris, Lesbordes Maître imprimeur Tarbes, MCMXXXI) est un livre de 111 pages de textes de Tristan Derème, recueillis et commentés par Jean Lebrau et Paul Mieille.
En 1911, Tristan Derème livre des poèmes et écrit des textes pour la revue hebdomadaire Pyrénées-Océan dirigée alors par Paul Mieille. Il succède au fils de celui-ci, Lucien Mieille, à la tenue d’une chronique intitulée : Silhouettes Pyrénéennes.
La première de ces « silhouettes » a pour titre « Sur les Grands-Fossés » (ancien nom de la principale rue commerçante de Tarbes, rue Foch aujourd’hui). Nous la retrouvons dans les Rêveries . En voici un extrait:

« Faut-il voir, ô surprise ! Almaviva bafoué, Bartholo triomphant, et s’écrier un peu comme le poète :
« La vie est un combat dont la palme est aux vieux ! »
Qui parle ainsi ? Pancrace Broucas. Que pense-t-il ? Je l’ignore. Que veut-il prouver ? Il l’ignore. Que fait-il ? Il parle. Chaque jour, il se lève dès l’aube. Pourquoi ? Pour parler. Dans les rues, il parle. À table il parle…
…Le matin, il parle. L’après-midi il parle. La nuit, il rêve qu’il parle. À l’aurore, sa langue frémit. Il s’éveille…C’est une bouche sans oreille…
Il dit des sottises. Il en dit tant qu’on demeure stupéfait. On se demande s’il ne donne pas une forme sotte à des vérités…
Faut-il le blâmer ? Nous jetons nos vieux souliers : il jette ses sottises. Mais il les jette sur qui l’écoute… »

Avec ce Pancrace Broucas, le premier et l’oublié, Tristan Derème inaugurait une galerie de personnages aux noms souvent picaresques et expressifs qui allaient l’accompagner tout au long de son œuvre.

Bien sûr les Rêveries ne se limiteront pas à ces seules silhouettes pyrénéennes: il n’en écrira que trois. Il tracera aussi des portraits sensibles et passionnés de poètes. Mais ceci est une autre histoire.

(Almaviva et Bartholo sont des personnages du Barbier de Séville)

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