Les débuts
Le 13 février 1889 naît à Marmande dans le Lot-et-Garonne, un garçon prénommé Philippe Auguste Joseph qui deviendra l’aîné de trois enfants. Sa mère, Sophie Sandrin, de vieilles ascendances béarnaises, était originaire d’Oloron Sainte-Marie dans les Pyrénées Atlantiques où la famille possédait une maison familiale dans le hameau de Saint-Pée. Son père, Louis Huc, dont la famille avait pour origine le village de Moux dans l’Aude, était officier militaire de carrière au 20e régiment d’infanterie basé dans la ville.
Suivant les affectations de son père ; Philippe Huc aura une scolarité nomade, mais très tôt son goût pour la littérature et notamment la poésie va s’affirmer. En 1904, il a donc quinze ans, à Nantes, il se fait remarquer en remportant une première mention à un concours de poésie de l’École Vial avec le poème À une inconnue.
Entre 1905 et 1908, le jeune poète publiera dans le journal nantais local Ouest-Artiste plus de vingt poèmes, son premier en octobre 1905, Le renard et le corbeau, sous le nom de Philippe Huc. Il obtiendra une marguerite d’argent au Concours de l’« Escolo Gascouno de Margarido » de Nérac dans le Lot et Garonne, pour un conte dramatique dont le texte n’a pas été retrouvé. En décembre 1905, sa pièce de théâtre en vers, Zella sera jouée dans la salle de la société savante de Nantes et publiée dans La sihouette théatrale du 30 mars 1906.
En 1906 toujours, après un nouveau déménagement, il est scolarisé au lycée Bernard-Palissy d’Agen. Il va se lier d’amitié avec deux répétiteurs, Francis Carco et Robert de la Vaissière (qui écrira aussi sous le nom de Claudien). De cette rencontre naîtra, beaucoup de poèmes, quelques revues et quelques années après, un courant de la poésie française connu sous le nom d’École fantaisiste. Elle rassemblera des noms comme Paul-Jean Toulet qui en sera en quelque sorte le parrain, Jean-Marc Bernard, Jean Pellerin, Francis Carco, Léon Vérane, Robert de la Vaissière, René Bizet, Noël Ruet, etc. Après son baccalauréat il passera le concours de Contrôleur des Contributions Directes. Il occupera des postes de contrôleur à Agen, Castres puis Arreau dans les Hautes-Pyrénées. Avant d’effectuer son service militaire à Tarbes en 1910 il a déjà écrit et publié plusieurs plaquettes de poèmes et un recueil, Petits Poèmes. Il participe déjà régulièrement avec ses poèmes, des notes de lecture ou des chroniques à de nombreuses revues : Hélios et L’Oliphant revues éphémères auxquelles il a contribué à la création, puis Le Divan, L’Île sonnante, Les Facettes, Les Guêpes, Poésie...
À Tarbes pendant son service militaire, il se lie d’amitié avec Paul Mieille un professeur d’anglais, figure locale du pyrénéisme, rédacteur en chef d’une revue économique et touristique Pyrénées-Océan. Il va lui ouvrir ses colonnes et Tristan Derème découvrira le monde de la presse et du journalisme. Il livrera toutes les semaines des poèmes et des chroniques pendant un an puis continuera dans un autre quotidien local Les Pyrénées pendant deux années.
En août 1911 il fait paraître dans une revue anglaise Rhythm dirigée par un ami de Francis Carco, John Middleton Murry qui vit alors avec Katherine Mansfield, un texte qui va devenir le manifeste de l’École fantaisiste avec notamment l’utilisation pour la première fois du terme « fantaisiste ».
À la fin de son service militaire en septembre 1912, il obtient un poste de contrôleur à Cazères dans la Haute-Garonne entre Tarbes et Toulouse. Il publiera cette même année deux plaquettes : M.de Mun et la Poésie, Le poème de la pipe et de l’escargot.
En 1913, pendant qu’il poursuit ses chroniques pour le quotidien Les Pyrénées, et continue ses participations aux revues il publie un recueil de poèmes, La flûte fleurie.
Pendant la guerre 1914-1918, il sera affecté comme maréchal des logis au 23e régiment d’artillerie qui a la garde des œuvres d’art du Louvre, dont la Joconde, déplacées et stockées au Musée des Augustins à Toulouse. Il y fait la connaissance de Pol Neveu avec qui il restera très lié. Au cours du conflit, il ne publiera en septembre 1914 qu’un seul long poème Le laurier du Kaiser, en hommage à son père, tué à Bertrix en Belgique, le 22 août 1914, au cours d’une charge, selon la légende familiale « sabre au clair comme à la parade et comme en 1870 avec gants blancs… »
Après la guerre, il reprend ses chroniques au quotidien tarbais Les Pyrénées. Il va aider Armand-Achille Fould, qui a pris des participations dans le journal, à conquérir un siège de député dans les Hautes-Pyrénées. Tristan Derème devient le rédacteur du quotidien en chef et en quelque sorte son « conseiller en communication ». Le 16 novembre 1919, Fould remporte les élections.
En 1920, Tristan Derème est nommé comme contrôleur des contributions directes à Paris.
(à suivre très prochainement)