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déclarait Isidore Ducasse. Après le distique sur cet insecte dans l’article précédent, je ne pouvais passer sous silence l’unique référence explicite à l’auteur des Chants de Maldoror que j’ai trouvée dans l’œuvre de Derème (j’attends bien sûr avec humilité le contradicteur)…
Ainsi dans la Libellule Violette (Grasset 1942, œuvre posthume, p 268), nous trouvons une chronique, Le canon de la Princesse débutant ainsi:

« J’ai rencontré tout à l’heure une dame ; elle était indignée : – Je n’entends rien, disait-elle, à ces protocoles, mais ce dont je suis bien assurée, c’est qu’ils me choquent profondément.
― Madame, lui dis-je, il ne se faut jamais étonner de rien ; c’est au reste une sage maxime qui est fort vieille et qui était déjà célèbre avant que personne eût entrepris de parler notre langue. Certaines gens qui ont des loisirs, m’assurent que nous la retrouverions dans un vers d’Horace, et c’est à l’accoutumée notre ignorance qui nous incite à nous étonner comme à nous émouvoir de beaucoup d’événements qui nous paraîtraient les plus ordinaires, si nous avions, comme disait à peu près l’autre, le bonheur de connaître les causes. Je sais un écrivain du siècle dernier qui se montrait fort surpris de certaines choses dont la réunion pourtant ne donne qu’à rire, et peut-être en avait-il assez bien le goût de se moquer du monde. C’était l’auteur des Chants de Maldoror
L’énigme en ses halliers le nargue et le tracasse ; de lui lancer ses chiens il ne peut se lasser ; vainement… « L’éléphant se laisse caresser. Le pou, non. », déclarait Isidore Ducasse, mal connu dans la plaine, inconnu sur le mont, qui se proclamait comte, et de Lautréamont… Voilà n’est-il pas vrai, profond objet d’étonnement ! Admirable matière à mettre en vers latins !… »

Il faut attendre la fin de l’article pour s’apercevoir que l’objet de celui-ci vient de l’interrogation de la dame sur les raisons pour lesquelles on tire plus de coups de canon à la naissance d’un Prince qu’à celle d’une Princesse ! Isidore aurait apprécié, sans doute.
Plus précisément sur le pou de Ducasse. Dans la première version éditée du 1er Chant de Maldoror était cité plusieurs fois le patronyme Dazet (nom d’un condisciple et « ami » au lycée de Tarbes, de l’auteur). Dans la deuxième version nous ne retrouvions que l’initiale : D. Et enfin dans les suivantes cette initiale était remplacée par une succession de bêtes assez particulières : l’ « acarus sarcopte qui produit la gale », l’ « infortuné crapaud », le « rhinolophe », le « poulpe au regard de soie »…. et le « pou vénérable ».

Derème a eu l’occasion de rencontrer le « pou vénérable » Georges Dazet, puisque celui-ci faisait partie en 1911 du comité d’organisation des fêtes tarbaises du centenaire de la naissance de Théophile Gautier et que le poète en digne représentant des Jeunes Poètes Méridionaux, y fit un discours mémorable. Ont-ils échangé sur le Comte de Lautréamont ? Rien n’est moins sûr. Nous n’irons pas chercher de poux à cette affaire…

Je reviendrais sur l’éléphant une autre fois.

* Chant II, strophe 9, dans Les Chants de Maldoror par le Comte de Lautréamont, d’Isidore Ducasse.

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