Le 23 décembre 1911 dans la revue hebdomadaire de l’actualité touristique et régionale Pyrénées-Océan, au milieu des articles et des chroniques, nous trouvons deux petits poèmes, comme cette revue avait l’habitude de le faire régulièrement. Ce jour là ils étaient signés de Tristan Derème.
Le voilà, le poète, amour, ironie et fantaisie. Elle s’appelait Laure Salet-Jeliote : l’histoire a duré à peine deux mois, c’était à Toulouse en 1909.

Vois! Le ciel est clouté d’étoiles cristallines
Et la lune a bleui les pentes des collines
Et tu es dans mes bras blanche de volupté
Et vibrante et pareille à l’éternel été
Qui verse sur nos fronts l’ombre des roses noires.
Tu bois superbement l’ivresse des victoires
Et tu souris d’orgueil, car j’ai baissé vers tes
Yeux tristes mon regard fait pour d’autres clartés,
Et tu as triomphé sous les lampes complices.
Enfin, tu as vaincu le rebelle et tu glisses
Sur ma nuque ta main fraîche comme le soir…

Si je me penche sur tes yeux, c’est pour m’y voir !

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Vous que je vois dans la clarté des lampadaires
De mon rêve, héros des amours légendaires,
Jeunes hommes dont un cheveu lia les poings,
O vous qui roucouliez ivres en des pourpoints,
Redingotes, bardocuculles et chlamydes,
Et frôliez vos velours aux feuillages humides
Des clairières, vous tous que l’amour distingua,
Elle m’aime, et je porte un veston d’alpaga.


Ces deux poèmes étaient déjà parus dans un recueil en 1910, Petits Poèmes et nous les retrouverons en 1922 dans La Verdure Dorée, le premier, poème LVII p 87 et le second poème LIX p 89.
Je pense que beaucoup d’entre vous, comme moi, chercheront un sens à bardocuculles et éventuellement à chlamydes: je ne vous enlève pas le plaisir de la recherche et de la découverte. Quant à Laure Salet…elle reviendra.
Joyeuses fêtes !

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