…on peut faire de la vie un agréable breuvage. »
J’ai trouvé l’article le plus intéressant que j’ai lu à ce jour sur Tristan Derème dans la Revue de Pau et du Béarn (1992, n°19). Il a pour titre Tristan Derème ou le philosophe souriant et son auteur en est Georges Schmits par ailleurs biographe d’un autre poète fantaisiste : Jean Pellerin.
Platon, Héraclite, Pascal, Spinoza, Montaigne, Bergson… Autant de philosophes invités à un éclairage original de l’œuvre de Derème. Pas de déferlement de citations, mais en la matière, G Schmits est orfèvre. Il expose avec parcimonie vers et phrases qui étayent une démonstration qui s’achève sur la « contre-assonance » comme point d’équilibre entre Stoïcisme et Epicurisme ! Nous avions déjà souligné l’importance de cette forme poétique chez Derème, mais vue sous un autre angle.
Et j’aimais beaucoup moins tes lèvres que mes livres
(la Verdure Dorée p 133)
Pourtant contredit cinquante pages plus loin :
Ah ! Vivons ! La page écrite
Ne vaut pas les lèvres qu’on
Mord ! Vers l’amour ! Démocrite,
Spinoza, Hegel, Bacon.
(la Verdure Dorée p 183)
Ainsi entre l’enseignement d’Epicure et ceux de Marc Aurèle l’esprit de Tristan balançait. Et toute sa vie à gérer une contradiction qu’il n’escamota jamais.
« Il ne faut s’appuyer ni sur une seule théorie, ni sur une seule échelle, conclut Derème :
Le Sage dans le silence et dans la paix, médite au sommet d’une échelle double !… »
(le Poème des Griffons p 33)
La lecture de cet article me pousserait à vous citer des dizaines d’extraits. Je n’en garderais qu’un, pour terminer, sans doute mineur, mais qui mêle le poète, le fantaisiste et le philosophe en deux vers ! (Le Violon des Muses p 16)
Quel destin ! dit l’épouse, et quel sort, dit l’époux
Si la terre est un poux dont nous sommes les poux.
Je vous laisse méditer là-dessus !