Au cours d’une de mes récentes pérégrinations dans les rayons ou les casiers de vieux livres, trois petits livres à la reliure vert bouteille m’attirent. Seul le titre sur la tranche : Mathilde. Serait-ce ? Mais oui ! La première page le confirme : œuvres complètes de Mme Cottin (de l’imprimerie de Firmin Didot, imprimeur du roi, rue Jacob, n°24, à Paris, chez Ladrange, Libraire, quai des Augustins, n°19, 1823, trois tomes des œuvres complètes numérotées de V à VIII). Prix abordable, je les prends.
Mme Sophie Cottin , naît Marie-Sophie Ristaud à Tonneins (47) en 1773 et décède à Paris en 1807 : une fin malheureuse, un suicide ? Bien mariée à 17 ans avec un banquier, elle devient veuve ruinée à 20 ans et doit vivre modestement. Elle occupe ses loisirs à l’écriture, et c’est pour dépanner un ami qu’elle vend son premier manuscrit. Claire d’Albe, son premier roman obtient aussitôt un grand succès. S’ensuivent d’autres, Malvina, Elisabeth ou Les exilés de Sibérie…
Celui qui nous intéresse aujourd’hui : Mathilde. Certains le qualifieront de premier grand roman historique français. L’action se déroule au Moyen-Orient après la prise de Jérusalem par Saladin, entre 1189 et 1192 au cours de Troisième Croisade. C’est l’ouvrage de référence de Madame Cottin. Une galerie de personnages historiques importante (Richard Cœur de Lion, Lusignan, Philippe Auguste, Montmorency, Saladin…), un décor grandiose et deux héros, Mathilde la chrétienne et Malhek-Adelh le musulman aux prises avec leur passion. Amour courtois, tragédie, récit épique, faits historiques (avec parfois quelques dérapages et exagérations) et sans aucun doute accents du romantisme naissant, font de ce roman un vrai nouveau roman historique pour l’époque. Le chaste amour de Mathilde arrivera-t-il à convertir le frère de Saladin, grand prince des musulmans, avant de mourir ? Fichtre.
À dévorer : encore digeste, mais hélas pas facile à trouver.
On dit que Sophie Cottin écrivit ce roman à Bagnères de Bigorre où elle effectua un séjour d’une année. Elle y participait activement à la vie sociale et tenait un salon en compagnie du philosophe Hippolyte Azaïs. On y voit encore une statue la représentant, rêveuse, oeuvre du célèbre sculpteur bigourdan Escoula.
Ainsi après Jules Laforgue, Isidore Ducasse, Tristan Derème, s’ajoute Sophie Cottin à la liste non exhaustive des littérateurs qui sans y être nés sont passés par la Bigorre et y ont bien étés ! Naître ou bien Etre ?
(si vous ne trouvez pas le livre, vous pouvez lire Mathilde sur le site Gallica avec hélas quelques erreurs de composition liées à la numérisation)