Une des raisons de ce blog : susciter des rencontres autour de Derème. La plus récente: une lectrice qui m’a envoyé le document ci-joint et je l’en remercie. Si nous devions rassembler tous les autographes, petits poèmes et impromptus que notre fantaisiste a essaimés dans les envois des ses ouvrages, dans sa correspondance, sur des bouts de papier, dans ses articles et chroniques, nous aurions de quoi rajouter un, deux, voire trois volumes de poésie à son actif. Hélas ! La dispersion est grande quant à ces textes pour lesquels quelques minutes suffisaient, « floraison spontanée de son esprit » disait Noël Ruet, à leur rédaction, et auquel l’auteur n’attachait ensuite aucune importance. Pour s’en convaincre, lire l’ouvrage composé sur ce thème par ce Noël Ruet en 1922, Derèmiana ou jeux, impromptus et divertissements de Tristan Derème.
Le document ci-dessous a un double intérêt. Le poème autographe du verso que je ne dévoilerai plus tard et le support utilisé dont le recto nous en indique la provenance : un menu qui date au moins de 1924.
Un menu du restaurant Krugler. Tristan Derème habita pratiquement toute sa vie parisienne, 19 rue de la Pompe, Passy, au dessus de cet établissement. Un immeuble aujourd’hui détruit.
Pour finir en vers, à propos de menu, un extrait donc de Derèmiana, ce florilège des impromptus et envois de Tristan Derème rassemblés par Noël Ruet en 1922: un menu donc, mis en poème par Derème au cours d’un banquet présidé par le maréchal Foch.
Qu’un autre cueille fraise ou rose,
Rouge dans les feuillages verts,
Le menu, je le cueille en prose,
C’est afin de le dire en vers.
Chantons ! chanter après ce festin, c’est un jeu !
Julienne, saumon de l’Adour sauce riche,
Et filet de bœuf Richelieu
Poularde de Broe à la Briche ;
Et pour rimer d’un autre son
Je puis faire une autre chanson :
Poularde, saumon de l’Adour sauce roche…
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Ces vins, pleins de soleil et de rébellion,
Médoc et Saint-Émilion.