You are currently viewing La bonne année du bourreau Janvier

En bon chercheur j’ai évidemment posé des « alertes » qui m’informent sur toutes nouvelles apparitions de « Tristan Derème » sur la toile.
Et là, en ce début 2014 leur nombre a littéralement explosé ! Pourquoi ? Tout simplement parce que de nombreux bloggers, comme chaque année, utilisent et réutilisent un poème de notre fantaisiste pour matérialiser leurs vœux.

C’est bien pour Derème, quoique témoignant de manière limitée et restrictive de son œuvre poétique.
Mais ce texte est généralement cité en partie et à le lire ici vous comprendrez (en italique gras la partie généralement non reprise au ton beaucoup moins festif!).
Je vous propose donc ici la version intégrale de celui-ci parue en 1931 dans le recueil de poèmes Les compliments en vers de Patachou chez Emile-Paul Frères, dédié à sa sœur Madeleine mère de son neveu, le petit Jaki « Patachou ».

couverture des Compliments en vers de PatachouBonne année

Voici la nouvelle année
Souriante, enrubannée,
Qui pour notre destinée,
Par le ciel nous est donnée :
C’est à minuit qu’elle est née.

Les ans naissent à minuit :
L’un arrive, l’autre fuit.

La dernière année est morte.
Elle a refermé sa porte.
Elle a dit en un soupir :
« Janvier, je suis ta victime ! »
Elle a roulé dans l’abîme
Où dorment les vieux jeudis,
Les défuntes tourterelles,
Les baleines des ombrelles
Et les lunes de jadis.
Quel étrange paradis !

Mais saluons les journées
De ce bourreau des années :
C’est Janvier. Sous son manteau
Il aiguise un grand couteau.
Le cruel n’en rate aucune.
C’est un destin sans espoir.
Il les tue au clair de lune,
À minuit, au fameux soir
Où s’endort le vieux Décembre ;
Et j’en rêve dans ma chambre.

Nouvel an ! Joie et bonheur !
Pourquoi ne suis-je sonneur
De cloches, carillonneur,
Pour mieux dire à tout le monde
À ceux qui voguent sur l’onde
Ou qui rient dans leurs maisons,
Tous les vœux que nous faisons
Pour eux, pour toute la Terre
Pour mes amis les enfants
Pour les chasseurs de panthères
Et les dompteurs d’éléphants.

Que cet an nouveau sourie
Même au petit ramoneur !
Que la maison soit fleurie
Des lumières du bonheur.
Tristan Derème

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Cet article a 4 commentaires

  1. Anne-Sophie

    Merci pour ce poème en entier ! J’aurais apprécié des autres sites qu’ils précisent au moins que ce poème était amputé ; si encore ils le savent.
    Je ne trouve pas la partie habituellement retirée dure, je lui trouve au contraire bien du piquant.
    Bonnes fêtes de fin d’année, avant l’arrivée du bourreau Janvier !

    1. philippe_huc

      Je vous remercie de votre petit mot et bonne année à vous aussi

  2. Sandrine

    Bonjour,

    J’ai une question concernant la dernière strophe du poème:
    « Que cet an nouveau sourire
    Même au petit ramoneur ! »
    Y a-t-il une faute de conjugaison et serait-ce plutôt:
    « Que cet an nouveau sourie
    Même au petit ramoneur ! »

    Ou alors comment faut-il comprendre ce passage?

    Cordialement et bonne année!

    1. philippe_huc

      Bonjour, je vous remercie de votre commentaire qui va me permettre de corriger une coquille!
      Il faut bien sûr lire « sourie ».

      cordialement et bonne année à vous aussi

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