La revue fédéraliste, revue lyonnaise, était éditée par les Éditions du Pigeonnier chez qui Tristan Derème publiera deux ouvrages: Guirlande pour deux vers de Gérard de Nerval en 1926 et Sous les troènes du Béarn, autour de La Fontaine et de ses Élégies en 1928. La revue organisait aussi des conférences à l’hôtel du Petit-Versailles. Tristan Derème en donna une sur Ronsard, le 12 novembre 1924, organisée par Tancrède de Visan, l’association de la presse lyonnaise et la revue Notre Carnet, en compagnie de Béatrix Dussane, qui lut des poèmes de Ronsard, Maurras, Du Bellay, Corbière…

 

 

1924 - La revue fédéraliste

extrait de l’article Tristan Derème par Henri Martineau:

« … Avant les dernières élections législatives vous eussiez pu l’admirer, le chef couvert d’un chapeau noir et dur genre melon. Depuis l’ère nouvelle marquée par l’avènement de la magistrature de M. Herriot, – l’homme lettré qui sut un soir, à l’heure du cassoulet, marqué son estime au poète de La pipe et de l’escargot, – Tristan Derème se coiffe d’un chapeau, rond toujours, et noir aussi, mais mou. Il n’a cependant pas abandonné ni sa serviette bourrée de livres et de journaux (il faut bien un déversoir à ses poches qui ne peuvent contenir toutes les gazettes quotidiennes de Paris et de la province) ni son parapluie. Signe distinctif : Tristan porte un parapluie par tous les temps. Sans doute est-ce pour s’abriter quand il pleut. Il entend aussi s’en servir comme l’acrobate sur son fil de fer en guise d’élégant balancier, comme il le raconte quelque part :

 Moi, j’ouvrirai mon parapluie
Pour danser dans la solitude.

Enfin quand il fait beau, c’est un peu, comme on dit, pour faire pleuvoir, car la pluie plait aux escargots. Et Tristan Derème est l’ami des escargots. Il les a chanté dans ses poèmes avec une dilection avouée et presque autant que sa pipe.

Une jeune fille d’un âge encore tendre, – mais entraînée déjà au sein de l’Université à ces méthodes Lansonniennes, et à qui j’ai volontiers recours pour de si délicats travaux de statistiques, – m’a affirmé que dans la seule Verdure la pipe est invoquée deux-cent-quatre-vingt-sept fois et l’escargot cent-douze.

Quand on le cœur froid comme un vieil escargot
Hélas ! Et pas un brin de tabac pour trois pipes,

clame le poète quelque part. Et c’est cette constante disette de tabac qui m’explique pourquoi en dépit de ses deux-cent-quatre-vingt-six autres allégations je n’ai jamais vu encore Tristan Derème fumant la pipe. Pourtant du tabac, il en trouve, et beaucoup même, pour ses perpétuelles cigarettes! Alors il faut bien croire qu’il attend désormais cette pipe de laurier qu’il évoquait dès 1909 ? »

Fumerais-je au soir de ma vie
Une pipe en bois de laurier ?
Nous voilà vieux, ma pauvre amie,
J’ai eu vingt ans en février…

« 

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